Un programme développé il y a vingt ans fonctionne encore, mais aucun développeur actuel n’ose y toucher. Les correctifs de sécurité s’accumulent, tandis que la documentation originale reste introuvable. Certaines organisations dépensent plus pour maintenir d’anciennes applications que pour concevoir de nouveaux services. Les mises à jour sont risquées, parfois impossibles, et l’intégration avec des systèmes modernes relève du défi technique permanent.
Ce déséquilibre entre stabilité opérationnelle et capacité d’innovation pèse sur la transformation numérique. Les responsables IT se retrouvent face à des choix difficiles : conserver, adapter ou remplacer, chaque option comportant son lot de contraintes techniques, financières et humaines.
Plan de l'article
Comprendre ce qu’est un système legacy en informatique
Derrière le mot système legacy se trouve tout un héritage de contraintes, de codes oubliés et de dépendances enracinées. On parle ici d’un ensemble de logiciels, infrastructures ou applications, souvent au cœur de l’activité, mais qui n’ont plus rien de jeune. Le code, transmis d’une génération de développeurs à l’autre, fonctionne sans faillir, gère les données et soutient les processus métier, mais il suffit d’y toucher pour réveiller des fragilités insoupçonnées.
Les directions des systèmes d’information connaissent ce scénario par cœur. Dans la banque, l’assurance, l’industrie, ces architectures anciennes sont partout. Souvent bâties sur mainframe et développées en Cobol ou Fortran, elles pilotent la gestion de la paie, du crédit, des polices ou des stocks. Invisibles à l’utilisateur, ces applications patrimoniales sont pourtant le socle sur lequel repose la continuité des opérations.
Ce patrimoine technologique continue d’assurer des missions vitales. Les systèmes existants orchestrent d’immenses volumes de transactions et de données pour les DSI. Leur fiabilité n’est plus à démontrer, mais leur rigidité s’impose comme une limite. Selon une étude récente, près de 70 % du budget IT des grandes entreprises part dans la préservation de ces applications historiques, au détriment de vrais projets de transformation.
Voici, pour éclairer le propos, les caractéristiques qui reviennent le plus souvent lorsqu’on parle de systèmes legacy :
- Définition système legacy : ensemble informatique ancien, difficilement évolutif mais toujours indispensable à l’activité.
- Exécution d’applications critiques : pilotage des opérations financières, commerciales ou industrielles.
- Technologies associées : mainframes, Cobol, Fortran, bases de données propriétaires.
La plupart du temps, ces systèmes patrimoniaux forment la colonne vertébrale de l’organisation. Pourtant, ils freinent l’adaptation à de nouveaux modèles numériques. Prendre conscience de cet héritage, c’est déjà amorcer une réflexion sur son évolution future.
Pourquoi les systèmes hérités posent-ils autant de défis dans les organisations ?
Les systèmes hérités s’accompagnent de difficultés rarement évitées sans une stratégie robuste. Leur obsolescence technique bloque ou ralentit toute tentative d’évolution. Beaucoup reposent sur des plateformes et des langages disparus des cursus actuels, Cobol, Fortran, ce qui rend la recherche de spécialistes à la fois complexe et coûteuse. La disparition progressive des experts internes aggrave la dette technique et ralentit la capacité de réaction des DSI.
La maintenance accapare, à elle seule, près de 70 % des budgets IT dans les grandes organisations, selon les chiffres les plus relayés. Entretenir ces architectures grève les finances, tandis que la gestion quotidienne se heurte à leur rigidité. Dès qu’il s’agit d’intégrer un nouveau service, une application ou même un simple module d’analyse, des problèmes de compatibilité se présentent. La performance s’effrite, la productivité aussi.
Sur le front de la sécurité, la situation est tout aussi tendue. Les correctifs arrivent tard, parfois jamais. Les failles s’accumulent, exposant l’entreprise à des risques de conformité ou à des attaques ciblées. Quant à la migration vers le cloud ou des architectures plus récentes, elle reste risquée : pertes de données, interruptions, investissements lourds, sans assurance de retour rapide.
Trois grands défis se distinguent :
- Dépenses élevées : le maintien en conditions opérationnelles pèse lourd.
- Difficultés de recrutement : la rareté des compétences sur les technologies d’hier devient un casse-tête.
- Risques de sécurité : l’exposition aux cybermenaces et aux manquements réglementaires augmente.
Gérer les systèmes existants revient alors à un exercice d’équilibre permanent, entre la nécessité de poursuivre l’activité et l’impératif de faire évoluer l’organisation.
Modernisation et gestion des systèmes legacy : quelles solutions concrètes adopter ?
Dès que la Direction des systèmes d’information se penche sur le sujet de la modernisation des systèmes legacy, le paysage se complexifie. Plusieurs voies s’offrent à elle : migration vers le cloud, virtualisation, ou transition progressive via l’automatisation et la standardisation. Chaque scénario a ses avantages et ses limites.
En pratique, nombre de grandes entreprises, banques, assurances, migrent leurs applications patrimoniales vers des clouds privés ou publics. Les géants du secteur comme AWS et Microsoft Azure proposent des solutions, sans toujours garantir une réduction immédiate des coûts. Leur véritable atout : la flexibilité et l’agilité. D’autres font le choix d’un cloud hybride, combinant le meilleur des deux mondes, tout en misant sur la virtualisation et l’automatisation. Gartner recommande d’ailleurs de standardiser et d’automatiser pour limiter la dette technique.
La clé réside dans la préparation. Utiliser des outils spécialisés, à l’image d’ELSA du Groupe TJC, simplifie le décommissionnement et facilite l’accès aux données historiques, notamment lors d’une migration SAP ECC vers S/4HANA. L’exemple de l’université de Californie Riverside, qui a troqué son ERP legacy pour Oracle Fusion Cloud, rappelle l’importance d’une exécution rigoureuse.
Stratégie | Bénéfices | Exemple |
---|---|---|
Migration cloud | Agilité, évolutivité | Blue Cross Blue Shield (Salesforce) |
Décommissionnement | Réduction des risques, accès aux données | Cosentino (SAP S/4HANA) |
Moderniser un système d’information legacy ne s’improvise pas. Évaluer la place du système dans l’activité, analyser les coûts et anticiper les risques techniques : chaque étape pèse lourd dans la réussite, ou l’échec, de la migration. Les vieilles architectures ont la peau dure, mais le mouvement est lancé. Le vrai défi ? Parvenir à faire dialoguer passé et avenir sans sacrifier ni l’un, ni l’autre.